Ce graff a été réalisé en septembre 1993 dans un terrain vague qui se situait Passade Charles Dallery dans le 11e à Paris (aujourd'hui rue Charles Dallery). Cette ruelle, dont la plupart des immeubles avaient été laissés à l’abandon, était saturée de tags, de throw ups et de blocks.
Surnommé « le terrain de Voltaire » ou encore « le terrain de la Roquette », ce terrain vague était notamment fréquenté par les MAC (Mort aux Cons) dont faisait partie Kongo. Le terrain se situait au milieu de la ruelle. Il fallait escalader un mur en béton de deux mètres de haut. C’était alors un vrai feu d’artifice pour celui qui pénétrait dans le terrain. Les murs du pied de l’immeuble situé au fond du terrain étaient recouverts de graffs.
C’est sur ces murs en parpaings d’une quinzaine de mètres qu’a été réalisé ce "Kongo", précisément entre un "Juan" et un "Popof". A droite du Kongo, il y avait un graff « MAC » peint à la verticale qui a probablement été peint par un autre membre du groupe.
Kongo Mac (Credit True Urban Street Legend) |
Ce « Kongo » a été réalisé avec au moins 15 bombes de peinture, ce qui était rare à l’époque : trois teintes de rose (bonbon, fuchsia et un mauve), trois teintes de bleu (cylan, azur et un qui tire vers le prusse), deux teintes de vert (bouteille, émeraude et turquoise), du jaune, du rouge, du marron, du gris, du blanc et du noir.
Les lettres sont monumentales : le graffeur a tracé son lettrage sur deux murs en parpaings séparés par le fantôme d’un mur mitoyen en briques repérable au niveau du « G ». Un graff très coloré dans la droite ligne des compositions réalisées précédemment dans ce terrain par Kongo.
En revanche, les lettres sont plus volumineuses, plus lisibles et plus équilibrées. Caractéristique des blocks letters que Lokkis définit comme des "lettres massives, basiques et mégalomanes" (Graffiti writing, expressions manifestes, Hazan 2016), l'écriture stylistique de ce Kongo rappelle celle Bando qui s’était lui-même inspiré du writer new-yorkais Dondi. On retrouve aussi le « O » en forme de goutte d’eau et les petites flèches intercalées entre les lettres caractéristiques des pièces de Bando, mais également de Shoe.
Les lettres sont monumentales : le graffeur a tracé son lettrage sur deux murs en parpaings séparés par le fantôme d’un mur mitoyen en briques repérable au niveau du « G ». Un graff très coloré dans la droite ligne des compositions réalisées précédemment dans ce terrain par Kongo.
En revanche, les lettres sont plus volumineuses, plus lisibles et plus équilibrées. Caractéristique des blocks letters que Lokkis définit comme des "lettres massives, basiques et mégalomanes" (Graffiti writing, expressions manifestes, Hazan 2016), l'écriture stylistique de ce Kongo rappelle celle Bando qui s’était lui-même inspiré du writer new-yorkais Dondi. On retrouve aussi le « O » en forme de goutte d’eau et les petites flèches intercalées entre les lettres caractéristiques des pièces de Bando, mais également de Shoe.
On remarque que Kongo a également cherché à donner un effet monumental à ses lettres en les coupant légèrement au niveau des pieds. Le graffeur s’est ici servi du sol comme d’une ligne imaginaire, ce qui donne une assise à la composition. Là encore un effet recherché par Bando à la fin des années 1980 dans les terrains parisiens.
Bando (Credit : Maquís Art) |
En 1993, Kongo a au moins six ans de graffiti derrière lui. Né au Vietnam en 1969, il a grandi au Congo-Brazzaville avant d'arriver à Paris en 1987. Dans une interview publiée sur le site StripArt, il dit avoir peint à Stalingrad, un terrain où il a dû s'imprégner des techniques utilisées par les pionniers du graffiti français.
Au-delà de ces inspirations, Kongo se démarque par sa volonté de donner du mouvement à la composition : le déhanchement du « O » final avec cette flèche donne une agressivité au lettrage. Cette volonté également de rendre vivant le graff se retrouve dans la perspective : un travail d’ombres noires légèrement inclinées vers la droite, surinées en jaune, pour mieux faire ressortir le graff.
Il y a surtout une volonté de diversifier les coloris en jouant sur les dégradés : un feu d’artifice typique de l’époque. Ici, le rose prédomine : une couleur que Mode 2 avait mis au goût du jour à Paris à la fin des années 1980, notamment Quai de Seine dans le 19e et à Bir Hakeim dans le 15e, mais que les New Yorkais comme Seen ou Dondi avaient déjà beaucoup utilisé (Voir Subway Art). De nombreux crews parisiens dont les AEC en feront également un usage extensif au début des années 1990 (comme le remarquait justement Shero TSM dans une interview sur le blog Cap d’Origine).
Il y a surtout une volonté de diversifier les coloris en jouant sur les dégradés : un feu d’artifice typique de l’époque. Ici, le rose prédomine : une couleur que Mode 2 avait mis au goût du jour à Paris à la fin des années 1980, notamment Quai de Seine dans le 19e et à Bir Hakeim dans le 15e, mais que les New Yorkais comme Seen ou Dondi avaient déjà beaucoup utilisé (Voir Subway Art). De nombreux crews parisiens dont les AEC en feront également un usage extensif au début des années 1990 (comme le remarquait justement Shero TSM dans une interview sur le blog Cap d’Origine).
Egalement typique des graffs de Mode 2, l'abondance de craquelures. Kongo se distingue par son usage intensif des symboles (étoile, bombe de peinture, flèches, note de musique, cible) à l’intérieur des lettres. Adepte du pochoir à ses débuts, Kongo a probablement recouru à cette technique pour représenter avec autant de finesse ces symboles, notamment la feuille de cannabis. Ces « fioritures » comme les appelait Bando renforcent ce côté dynamique et énergisant de la pièce. On remarque d’ailleurs que le graffeur a inscrit « Nature urbaine » dans la partie haute du « K » : un slogan que l’on retrouve dans la plupart des graffs de Kongo à l’époque et que l’on peut comprendre comme une volonté de donner de la vie à la ville. Une idée développée par d’autres graffeurs comme Slice qui au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 expliquait sur Arte que « le graffiti c’est rendre le béton fertile ». Une nature urbaine qui est appelée à se répandre, mais aussi à disparaître : ce graff a été repassé six mois plus tard, une durée de vie assez exceptionnelle à l'époque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire