Pucho (Photo : Graffiti Paparazzi) |
Ce graff "Pucho" a été réalisé, début décembre 1993, par Slice, au terrain de Faidherbe dans le 11e, où se trouve aujourd'hui, le jardin de la Folie-Titon. Slice utilise alors plusieurs pseudos : Shema, Kine, Dens, Hanes, Sinus, Shyne, Chorus, Pucho...
A
l'époque, la répression s'abat sur le milieu du graffiti parisien. Pour
la première fois, la justice a condamné à des peines de prisons ferme
des graffeurs : Oeno et Stem pour avoir vandalisé la station Louvre, en
avril 1991. Ceux qui ont été arrêtés plusieurs fois ou sont activement
recherchés par la police sont donc sur leur garde. Changer régulièrement
de noms devient une stratégie pour ceux qui veulent échapper aux
condamnations.
Comme
les membres de son groupe, les UK (Underground Kings), Slice a donc
pris l'habitude de brouiller les pistes, dans la rue, sur train ou en
terrain. Car les flics connaissent les adresses, il leur arrive même
d'embarquer les graffeurs dans les terrains.
Hanes (Photo : Ekstaz) |
Pour
les writers, il s'agit également de s'approprier de nouvelles lettres
et de trouver de nouveaux enchaînements entre les lettres. Slice
affectionne en particulier la lettre "u" qu'on retrouve dans Sinus,
Chorus, Pucho et dans Underground. Egalement récurrent chez lui,
l'enchaînement des lettres "c", "h" et "o" qu'on retrouve dans Chorus,
Pucho et Rycho. Un enchaînement que Seen avait avant lui réalisé sur les
métros new yorkais (Psycho, Richie).
Psycho by Seen |
La nouveauté chez Slice, c'est ce "P" qui
ressemble presque à un "D". La flèche qui passe sous la lettre lui donne
un aspect agressif. Le design de ce "P" se distingue de ce qu'avaient
pu proposer jusque là les graffeurs familiers de cette lettre comme
Psyckoze, Poch, Popay ou Popof.
Slice
a également fait ressortir ce "P" en lui donnant une coloration
différente du reste du lettrage. Le jaune, le rouge et l'orange tranchent avec la
tonalité verte des autres lettres. L'utilisation des couleurs donne à
l'ensemble du lettrage un effet acidulé caractéristique des productions
des AEC (Artistes en cavale).
Pucho
(prononcé "Poutcho") est en réalité le nom d'un groupe de latin jazz
fondé en 1959. Grand fan de funk, de soul et de jazz, Slice a parfait sa
culture musicale en écoutant la radio. Il réalisera d'autres Pucho : à
Javel, fin 1993, à Gare de Lyon, en 1994.
Pucho (Photo Graffiti Paparazzi) |
Nasty Pucho (Graffiti Paparazzi) |
Ce
Pucho a été réalisé à côté d'un Noesh et d'un Scene, faits par Noek et
Epson. Autour des lettrages, une multitude de dédicaces : Chaze, Mush,
Pseye, Veas, Deuce, Salem, Orel, Colorz, Bando, Colt, Boxer, Druide,
Hees, Noek, Epsone, JM. Mais aussi des inscriptions incompréhensibles
pour le profane comme "Runnin from the devil". Il s'agit en réalité d'un titre des Ohio Players, groupe américain de funk des années 1970. Sur
ce mur, Slice multiplie les références à la soul et à la funk : seuls
ceux qui en ont connaissance pointue - pas grand monde à l'époque en
France- savent qui sont Pucho and the Latin Soul Brothers. Une
illustration du caractère énigmatique qui entoure la pratique du
graffiti. Les graffeurs passent leur temps à échanger des messages codés
que parfois seuls les membres d'un groupe restreint peuvent comprendre.
De même, certaines dédicaces sont codées. C'est le cas de "Fauche".
Il s'agit en réalité d'une dédicace pour Seyo surnommé "Fauche le
vent". Un code renvoyant à un délire ou un chambrage entre membres du
groupe.
Noesh -Scene - Pucho (Photo : Graffiti Paparazzi) |
On
remarque qu'au préalable, les trois graffeurs ont recouvert le mur
d'une couche de peinture blanche.
Slice et les AEC (Artistes en cavales) avaient déjà posé une couche blanche sur le grand mur du terrain de la rue Lagny à Vincennes. Cette technique va devenir récurrente : les AEC l'utiliseront notamment au terrain de Danube. Elle est surtout pratique : plutôt que de tracer une esquisse directement sur un graff et de le repasser directement, on peut ainsi se lancer comme sur une page blanche.
Sous cette cette couche, il y avait un graff de Juan. Sur ce mur, il avait réalisé une fresque une semaine plus tôt : un "Mort aux Cons" à côté duquel Popay avait peint une tête de martien. Le terrain de Faidherbe étant l'un des plus actifs à l'époque, cette bande "Noesh Scene Pucho", n'a pas non plus eu une durée de vie de très longue : moins de deux semaines plus tard, le Scene et le Pucho ont été repassé par Fast et Rush. Le Noesh a quant à lui été recouvert par un graff de Shun en janvier. De nombreux photographes auront pourtant eu la chance d'immortaliser cette frise puisqu'elle a été diffusée dans plusieurs fanzines à l'époque dont 400 ML et Time Bomb.
Slice et les AEC (Artistes en cavales) avaient déjà posé une couche blanche sur le grand mur du terrain de la rue Lagny à Vincennes. Cette technique va devenir récurrente : les AEC l'utiliseront notamment au terrain de Danube. Elle est surtout pratique : plutôt que de tracer une esquisse directement sur un graff et de le repasser directement, on peut ainsi se lancer comme sur une page blanche.
Sous cette cette couche, il y avait un graff de Juan. Sur ce mur, il avait réalisé une fresque une semaine plus tôt : un "Mort aux Cons" à côté duquel Popay avait peint une tête de martien. Le terrain de Faidherbe étant l'un des plus actifs à l'époque, cette bande "Noesh Scene Pucho", n'a pas non plus eu une durée de vie de très longue : moins de deux semaines plus tard, le Scene et le Pucho ont été repassé par Fast et Rush. Le Noesh a quant à lui été recouvert par un graff de Shun en janvier. De nombreux photographes auront pourtant eu la chance d'immortaliser cette frise puisqu'elle a été diffusée dans plusieurs fanzines à l'époque dont 400 ML et Time Bomb.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire